De l'OAS au doctorat d'Histoire
La conférence de Robert Davézac, invité du Cercle Algérianiste de Drôme Ardèche, a révélé un personnage atypique, au parcours étonnant et inattendu par sa finalité, décrit avec franchise et sincérité par le conférencier.
Né en 1941 à Alger, d’une famille modeste, avec un père syndicaliste et plutôt à gauche, la vie de Robert Davézac va basculer en 1960 au moment des barricades d’Alger. Jusque là, il était un étudiant consciencieux qui ne s’était jamais intéressé à la guerre d’Algérie.
Il décide de se mêler aux acteurs (beaucoup d’étudiants) qui avaient dressé les barricades, par curiosité. Dès lors Robert Davézac va prendre fait et cause pour contrecarrer le projet d’abandon de l’Algérie qui se trame. « Le discours du général De Gaulle sur l’autodétermination, en septembre 1959, signait la fin de l’Algérie française », souligne-t-il.
«En 1960, et de manière instinctive, je déclare à mon père, très étonné, que j’entre dans l’OAS ! Mon engagement était réfléchi, mais sans haine, car j’ai toujours été antiraciste ». Dès lors c’est l’action avec tout ce que cela suppose de risques sur cette période troublée.
Un jour, la voiture des membres de son commando ne répond pas aux sommations des gendarmes et force un barrage. La réplique des forces de l’ordre est violente, le véhicule est décimé, il y a un mort et des blessés, dont Robert Davézac. Il finira par s’en sortir, « c’était un miracle dira-t-il ». Arrêté, il sera condamné à 4 ans de prison. Puis c’est le retour à la vie civile où le jeune Algérois fera une belle carrière dans le commerce de la distribution.
Mais Robert Davézac, qui voulait être instituteur, a des besoins culturels. Il s’inscrit à la Fac à plus de 40 ans. Des études qui lui permettent d’enchainer les diplômes avec réussite : le Deug, la licence, une maîtrise, un DEA. Il soutient alors une thèse en histoire sur la période de mai 1958 à avril 1961 (putsch des généraux) en Algérie. Un travail minutieux de recherche qui va lui permettre d’expliquer et de mieux comprendre la guerre d’Algérie.
« Vous êtes passé de l’action à la connaissance » lui déclarera l’un de ses professeurs à l’université. C’est à l’âge de 67 ans qu'il décrochera son doctorat en histoire...
Jo. CANTON |