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Ces maudits colons
Les colons

Serge BERNARD
Ces maudits colons (1)

Faute de certitude mais nourris d'espérance, ils avaient l'optimisme chevillé au corps en quittant le pays natal avec femmes et enfants, pour des terres inconnues.

Bercés de rêves lourds d'interrogations, mais déterminés, ils ne souhaitaient qu'échapper à la misère, devenir enfin adultes, creuser à la sueur de leur front un sillon, qui soit leur propre sillon, source de vie, d'indépendance et d'ouverture sur le monde.

Confrontés à une somme d'adversités conjuguées mais oeuvrant sans relâche, ils ne souhaitaient ni éliminer, ni dominer, ni convaincre par la force ou par la ruse:
Ils voulaient simplement partager leur savoir, montrer du doigt et du regard, tracer une voie vers un avenir meilleur pour TOUS.

Conscients, jour après jour de bâtir un nouveau pays ainsi que leur propre destin, ils avançaient imperturbablement avec courage et détermination, mais aussi avec patience et indulgence dans le plus profond RESPECT mutuel, partagé, librement consenti.

C'est ainsi que, ni croisés ni tortionnaires, ni prédateurs avides d'espaces ou de richesses, petit à petit, de Français d'Algérie, ils étaient devenus ALGÉRIENS.

Ils avaient rêvé de façonner à leur image un pays devenu le leur, comme eux-mêmes, à la longue, avaient fini par être façonnés par lui, qu'ils considéraient comme faisant partie d'eux-mêmes.

Mais, s'ils avaient fini par s'identifier à elle, l'Algérie, elle, s'est refusée de s'identifier à eux. Un grain de L'HISTOIRE a brisé leur rêve et le rêve s'est mué en cauchemar.

Ce fut un drame immense, injuste, incommensurable, tout d'abord pour eux-mêmes, mais aussi pour ce pays, pour l'Algérie elle-même, peut-être autant, sinon plus que pour eux.


Serge BERNARD - 18 janvier 2004


(1) Référence à l'ouvrage de Claire JANON :
" CES MAUDITS COLONS " La table ronde 1966.


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