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Poème sur la repentance
Poèmes

Danièle HORTA & Emilien PASTOR
Pardon !

Pour avoir libéré les esclaves à Alger
Après que les soldats du Roi de France en aient chassé le Dey
Pour tous les marécages asséchés, transformés en vergers,
Pour les terres emblavées sur les sols empierrés.
Pour le nom d'Algérie que la France t’a donné.
Pour tous les chemins tracés et les rails posés
Afin que toutes les campagnes se rapprochent des cités.
Pardon pour les perles que furent Oran, Constantine et Alger
Que de jaloux pays nous ont tant enviées.

Pardon l'Algérie !
Pour avoir construit des écoles, des lycées, des facultés
Afin que les enfants puissent y être formés,
Pour ces barrages élevés, à des canaux reliés
Afin qu'à tous les robinets l'eau douce puisse couler.
Pour les dispensaires et les hôpitaux qui ont été créés
Afin que tes fils puissent y être soignés.
Pour le trachome éradiqué,
Pour les maladies infectieuses endiguées.

Pardon l'Algérie !
Pour toutes les gorges d'innocents tranchées
Pour le massacre d'Oran perpétré un 5 juillet.
Pour tout ce que tu as pris qui ne t'était point donné.
Pour les accords d'Evian que tu as bafoués.
Pour tous les lauriers dont tu t'es parée.
Pour avoir fêté une victoire que tu n'as pas gagnée.
Pour tous mes frères Harkis que tu as suppliciés
Pour le seul tort d'avoir voulu rester Français.

Pardon l'Algérie !
Mais si un jour, toi, peuple algérien manches retroussées,
A l'image de nos pères qui t'ont tout donné,
Tu te mets à rebâtir ces murs lézardés
Par ces vandales qui nous ont succédé
Alors, fier je serai d'avoir été ton frère,
Et si toi, l'Algérien, troquant ton glaive pour l'aire,
Tu te mets à défricher comme l'avaient fait nos pères,
Et bravant les sauterelles, la sécheresse et la poussière
Recommence à semer sans regarder en arrière
Sans quêter des visas pour fuir la misère,
Alors je saurai que je suis pardonné,
Et pourquoi pas rêver dans un élan de paix
Qui t'amène à saisir le rameau d'olivier
À demander pardon à tes frères exilés,
Et reconnaître ensemble tous les bienfaits
Par notre France prodigués

 

Poème paru dans la revue des anciens du Lycée Lamoricière
écho de l'Oranie N° 309


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