Discours de de Gaulle :
« La France entière, le monde entier, sont témoins de la preuve que Mostaganem apporte aujourd'hui, que tous les Français d'Algérie sont les mêmes Français:
10 000 000 d'entre eux sont pareils avec les mêmes droits et les mêmes devoirs.
II est parti de cette terre magnifique d'Algérie, un mouvement exemplaire de rénovation et de fraternité. II s'est élevé de cette terre éprouvée et meurtrie, un souffle admirable qui, par-dessus la mer, est venu sur la France entière pour lui rappeler quelle était sa vocation ici et ailleurs. C'est grâce à cela que la France a renoncé à un système qui ne convenait ni à sa vocation, ni à son devoir, ni à sa grandeur. C'est à cause de cela, c'est d'abord à cause de vous qu'elle m'a mandaté pour renouveler ses institutions et pour l'entraîner corps et âme, non plus vers les abîmes où elle courait, mais vers les sommets du monde.
Mais, à ce que vous avez fait pour elle, elle doit répondre en faisant ici ce qui est son devoir, c'est-à-dire considérer qu'elle n'a depuis un bout jusqu'à l'autre de l'Algérie, dans toutes les catégories, dans toutes les communautés qui peuplent cette terre, qu'une seule espèce d'enfants : il n'y a plus ici, je le proclame en son nom et je vous en donne ma parole, que des Français à part entière, des compatriotes, des concitoyens, des frères, qui marchent désormais dans la vie en se tenant par la main.
Une preuve va être fournie par l'Algérie tout entière, que c'est cela qu'elle veut ; car d'ici trois mois, tous les Français d'ici, les 10000000 de Français d'ici vont participer au même titre à l'expression de la volonté nationale par laquelle, à mon appel, la France fera connaître ce qu'elle veut pour renouveler ses institutions. Et puis, ici comme ailleurs, des représentants seront librement élus ; et, avec ceux qui viendront d'ici, nous examinerons en concitoyens, en compatriotes, en frères, tout ce qu'il y a lieu de faire pour que l'avenir de l'Algérie soit, pour tous les enfants de France qui y vivent, ce qu'il doit être : c'est-à-dire prospère, heureux pacifique et fraternel.
A ceux en particulier qui, par désespoir, ont cru devoir ouvrir le combat, je demande de revenir parmi les leurs, de prendre part librement, comme les autres à l'expression de la volonté de tous ceux qui sont ici. Je leur garantis qu'ils peuvent le faire sans risque, honorablement.
Mostaganem, Merci. Merci du fond de mon cœur, le cœur d'un homme qui sait qu'il porte une des plus lourdes responsabilités de l'Histoire. Merci, merci d'avoir témoigné pour moi en même temps que pour la France.
Vive Mostaganem.
Vive l’Algérie Française.
Vive la République.
Vive la France. »