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Le 13 mai 1958
Histoire
Sommaire

Histoire d'une révolution
Le retour de Jacques SOUSTELLE - 1

ALGER
- 17 mai 1958 -

M. Jacques Soustelle :

«  Algériennes, Algériens, mes Amis.

Me voici parmi vous, je veux d'abord rendre hommage à notre magnifique Armée d'Algérie, hommage à ses chefs, au général Salan qui a su maintenir l'unité, au général Massu et à tous les autres chefs de cette armée les mêmes à qui j'avais promis, quand je vous ai quittés le 2 février 1956 de consacrer toutes mes forces au salut de l'Algérie.

C'est ce que je me suis efforcé de faire durant deux ans et quatre mois.
Mais depuis quelque temps, j'étais soumis à une incessante surveillance et ne pouvais plus accomplir mon devoir.

C'est pourquoi j'ai décidé de choisir tout à la fois la liberté et la Patrie et que, maintenant, je viens me mettre à la disposition de l'Algérie Française qui vient de donner un exemple si émouvant d'attachement à la Mère Patrie et cela surtout par la voix de nos frères Musulmans qui furent des tout premiers.

Nous nous efforcerons de la servir pour refaire l'unité nationale des deux côtés de la Méditerranée.

Vive la République,
Vive l'Algérie Française,
Vive la France,
Vive de Gaulle. »


ALGER
M. Jaques SOUSTELLE s'adresse à la foule

«...je viens me mettre à la disposition de l'Algérie Française.»

Jacques SOUSTELLE


ALGER, 17 mai
Soustelle parle au peuple d'Alger

ALGER
- 17 mai 1958 -

Discours de M. Jacques Soustelle :

« II y a trois jours encore j'étais à mon siège de parlementaire afin de poursuivre mes efforts. Mais soumis à une incessante surveillance (huées), menacé à tout instant dans ma liberté, je ne pouvais plus continuer à accomplir mon devoir. J'ai donc décidé de revenir à Alger (ovations), au milieu du peuple, aux côtés de l'Armée, j'ai choisi à la fois la liberté et la patrie (ovations).

Je viens me mettre à la disposition de l'Algérie française (ovations) qui vient de donner un magnifique exemple. Je n'ai d'autre ambition que de refaire l'unité nationale sur les deux bords de la Méditerranée (ovations).

Vive la République !
Vive l'Algérie française !
Vive la France !
Vive de Gaulle !» (hurlements et applaudissements).

ALGER
- 17 mai 1958 -

Discours d'une Musulmane :

« Depuis de nombreux mois, nous avons pris conscience des efforts des officiers et de l'Armée en général pour nous faire bénéficier de l'Administration et nous faire également participer à cet effort administratif.

Nous avons, nous les femmes Musulmanes, plus particulièrement pris conscience de la nécessité de notre évolution, condition essentielle du progrès.

Nous nous rendons compte combien nos vêtements traditionnels, notre existence de recluses, sont des éléments qui nous éloignent de nos sœurs françaises, de religion différente.

Nous voulons fermement nous engager dans la voie du modernisme et profiter de l'époque exaltante traversée actuellement par l'Algérie, pour accentuer notre évolution.

Aussi, nous réaffirmons aux Autorités militaires et au Comité de Salut Public d'Alger, notre confiance et notre appui total pour mener à bien l'œuvre entreprise, qui a fait renaître en nous l'espoir immense du renouveau, sous le signe de la confiance réciproque des communautés, de la fraternité, de la joie et de la paix. »

CONSTANTINE
- 17 mai 1958 -

Discours du Cheik Lakdari ABDELALI

A Constantine, les Musulmans sont aussi venus en masse. Sur une estrade, à côté de Jacques Soustelle, le cheik Lakdari Abdelali, Imam à la Mosquée Sidi El Kittani, l'un des chefs religieux les plus influents de l'Est Algérien, lance un appel aux femmes musulmanes.

« Sache bien, ô femme, que le moment est venu pour toi de jouer ton rôle dans l'histoire de l'Algérie nouvelle française.
En dépit de ceux qui contestent la place qui te revient, brise tes chaînes avec un marteau de fer. »

On vit alors une jeune musulmane, Mlle Ameziane, 17 ans, arracher son voile et son haïk, les déchirer, les jeter au vent en s'écriant :
« Ne perdons pas, mes sœurs, l'unique occasion de notre émancipation. »

La foule, d'abord surprise, applaudit longuement.

«Ne perdons pas, mes soeurs, l'unique occasion de notre émancipation .»

Mlle AMEZIANE - 17 ans

BOUFARIK
- 17 mai 1958 -

Discours de M. Jacques SOUSTELLE

Sa première visite est pour Boufarik où l'accueille Mme Amédée Froger, la veuve du président des maires d'Algérie. Devant 20 000 blédards rassemblés - en majorité musulmans :

« Après plus de deux ans d'absence, me revoici parmi vous sur ce sol sacré de l'Algérie, oui sacré, parce que c'est de lui qu'une fois déjà est partie la libération de la métropole, parce que cette terre a été arrosée du sang de tous les martyrs et d'abord de celui d'Amédée Froger à qui je rends hommage en associant à sa mémoire celle de l'homme qui fut son ami et qui fut le mien, un grand Français, et un grand Musulman : Ali Chekkai, assassiné il y a près d'un an.»

ALGER
- 18 mai 1958 -

Jacques SOUSTELLE :

« Jamais peut-être dans l'histoire de l'Algérie, on n'avait vu un tel rassemblement où se trouvent fraternellement unis Européens et Musulmans.

Si demain - inch'Allah! - ceux qui écrivent l'histoire racontent ces journées, ils diront que pour la première fois il y eu en Algérie un rassemblement de femmes musulmanes, nos soeurs, qui viennent attester par leur présence que toutes les barrières sont abaissées et qu'il n'y a plus rien qui sépare ceux qui y habitent, qu'il n'y a plus ici que dix millions de Français.

Mes amis, on peut dire qu'il n'y a plus ici que les fils et filles d'une même mère, ne portant pas le même prénom, mais ayant tous le même nom : notre patrie commune.

Mes amis, l'avons-nous assez attendu ce jour!... »


ALGER, 18 mai
M. Jacques SOUSTELLE arrive au Monument aux Morts où il dira «Le mouvement qui soulève l'Algérie n'a d'équivalent que dans les plus grandes périodes de notre histoire.»

De gauche à droite : les généraux SALAN, DULAC, JOUHAUD, MASSU et ALLARD

ALGER
- 18 mai 1958 -

Liste complète du Comité de Salut Publics d'Alger (Comité du 13 mai 1958) :

M. le général Massu, président ;
M. le lieutenant-colonel Trinquier ;
M. le lieutenant-colonel Ducasse ;
M. le colonel Thomazo ;
M. Léon Delbecque, conseiller technique de la Défense nationale, vice-président du Comité;
M. Auguste Arnould, pilote, membre du Comité Directeur d'Entente des Anciens Combattants ;
M. André Baudier, commis aux H.L.M. ;
M. Berkani Mohamed, comptable ;
M. Cheikh Taieb, agriculteur ;
M. Maurice Coulondre, secrétaire général des Fédérations de la Résistance ;
M. Claude Dumont, directeur commercial ;
M. Armand Froment, ingénieur à la S.N. Repal, ancien parachutiste, S.A.S. ;
M. Joseph Jolivet, conducteur de travaux ;
M. Pierre Lagaillarde, président de l'A.G.E.A, avocat au barreau de Blida, officier parachutiste.
M. Jean-Lalane, chef de service commercial radio- électricien, président des Anciens Parachutistes S.A.S. ;
M. Jacques Laquière, avocat à la cour d'appel ;
M. Bernard Lefebvre, docteur en médecine ;
M. Jean L'Hostis, ingénieur des Arts et Métiers ;
M. Madani Mohand Saïd, contremaître ;
M. Madhi Saci, commandant en retraite ;
M. Robert Martel, agriculteur ;
M. Claude Martin, membre du Comité Directeur du
Comité d'Entente des Anciens Combattants et Cadres
de Réserve ;
M. Jacques Merlo, ingénieur C.F.P.A. président des
étudiants de l'I.PA., M. Gabriel Montini, agent N.C.E. ;
M. Paul Moreau, directeur de société ;
M. Maurice Mouchan, directeur d'école, membre du
Comité Directeur du Comité d'Entente des A.C. et Cadres
de Réserve ;
M. Roger Muller, professeur agrégé ;
Lieutenant Neuwirth, ancien parachutiste, S.A.S. ;
M. Edgar Lazare, ingénieur de l'Aéronautique ;
M. Rodolphe Parachini, employé, société Shell Algérie ;
M. Armand Perrou, membre de l'Association des
Anciens de la Défense Nationale ;
M. André Prost, expert près les tribunaux ;
M. André Regard, secrétaire général adjoint du Ministère de l'Algérie ;
M. Marcel Schambill, chef de service, société Shell
Algérie ; o M. Armand Vacher, chef de service à la Nationale
Caisse enregistreuse ;
M. René Vincîguerra, administrateur au Mmistèr" de l'Algérie.
membres SUPPLÉANTS
Capitaine Engels Jacques ;
Capitaine Marion Robert ;
Capitaine Renauld Charles ;
M. Maurice Crispin, représentant ;
M. Roger Goutaillier, président de l'U.D.C.A, commerçant ;
M. Joseph Ortiz, commerçant ;
M. Jacques Roseau, président de l'A.G.E.L.C.A. ;



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