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Le 13 mai 1958
Histoire
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Histoire d'une révolution
Allocutions


M. AZEM OUALI, Président des maires de Kabylie s'adresse à la foule algéroise

ALGER
- 19 mai 1958 -

Allocution de M. Azem OUALI, président Musulman de la Fédération des Maires de Grande Kabylie :

« Je suis venu ici, dit-il, pour vous apporter à tous le salut fraternel de toute la Grande Kabylie. C'est avec joie et émotion que nous voyons enfin, dans un sursaut irrésistible, la volonté farouche de notre peuple et de l'Armée de conserver l'Algérie française.

Le comité directeur de Salut Public d'Alger, créé par des hommes lucides et courageux, dissipe maintenant tout spectre de terreur et d'abandon. Des quatre coins d'Algérie résonne l'écho rassuré de ceux qui, il y a encore quelques jours hésitaient. Nous proclamons notre reconnaissance à l'Armée Française, sous les ordres de son prestigieux général Salan, qui s'est opposé en bouclier aux faiblesses des partis et aux chantages internationaux.

La présence de M. Jacques Soustelle, de M. le Docteur Sid Cara, combattants inlassables de l'Algérie française, rehausse notre union. J'ai déjà dit que la France éternelle a toujours eu des hommes qui ont fait sa grandeur ; et, aujourd'hui, au moment le plus critique de notre histoire, nous retrouvons ces mêmes hommes animés de l'esprit de 1918, pour renouveler une date, celle du 13 mai 1958. Le doute de l'humilité, d'abandon et d'incertitude, n'a que trop duré. La faiblesse de notre régime nous fait glisser continuellement sur la pente de l'abîme. Européens et Musulmans d'Algérie l'ont senti et, unis dans un élian de parfaite communion d'idées, ont renversé la muraille de la peur. Ardemment attachés à la République et à la Démocratie, ils sont résolus à combattre ensemble sur tous les fronts comme ils l'ont fait par le passé pour la gloire et la grandeur de notre France bien-aimée.

Oui, mes chers Frères. C'est de cette province qu'est parti l'assaut libérateur de 1944 sur les deux fronts d'Italie et de Normandie. Les manifestations successives de nos sœurs Musulmanes pour lesquelles nous avons tant d'égards, depuis le 13 mai, démontrent amplement notre volonté d'intégration totale.

Existe-t-il d'autres moyens d'expression humaine, pour prouver au monde entier notre révolution dans la paix et la concorde. De tels faits sont la preuve irréfutable de notre maturite politique eï de notre ardent patriotisme. Nul ne peut plus contester que l'Algérie est province française, où tous les citoyens et les citoyennes sont libres et égaux.

Nous affirmons solennellement notre foi, dans l'avenir de nos destinées françaises. Nous adjurons notre Président de la République, le brave peuple métropolitain tout entier de répondre à notre pressant appel, pour former sans plus tarder un Gouvernement de Salut Public présidé par l'illustre général de Gaulle, symbole d'union et de patriotisme.

Je termine, mes chers Amis, en criant du plus profond de mon cœur :

Vive la France,
Vive l'Algérie Française,
Vive le Général de Gaulle.»

«Nul ne peut plus contester que l'Algérie est province française, où tous les citoyens et les citoyennes sont libres et égaux.»

M. AZEM OUADI


ALGER
M. Jacques SOUSTELLE accueille le docteur SID CARA au Gouvernement Général


- 19 mai 1958 -

Lettre du maréchal Alphonse JUIN (adressée le 13 mai au C.E.F. d'Algéroe et publiée dans la presse algéroise le 19 mai)

« Mon cher Président,

J'ai été infiniment touché de votre télégramme m'exprimant la pensée fidèle du C.E.F. d'Alger, à l'occasion de l'anniversaire de notre bataille du Garigliano.

Vous voudrez bien dire à tous vos camarades combien je suis de cœur avec eux, dans le grave moment d'incertitude que nous traversons. Et je n'ai pas besoin de vous en donner les raisons étant atteint au vif, plus qu'aucun autre.

Personnellement, je n'ai plus aucune confiance dans les bonnes paroles de nos dirigeants. Elles n'ont cessé depuis quatre ans de nous entraîner sur la pente des humiliations et des abandons.

Une seule chose compte aujourd'hui : intensification de notre effort militaire, excluant toute négociation avec les égorgeurs.

II y a assez longtemps que je le proclame, sans être entendu.
Or, actuellement, il semble qu'on en soit à rechercher un chef de Gouvernement qui, toujours sous le couvert de vagues engagements, saura nous faire avaler la pilule et nous mettre devant le fait accompli.

Et c'est pour cela que l'heure est grave.

Cordialement et fidèlement votre. »


Des Comités de Salut Public se sont constitués par corporations. L'Amiral AUBOYNEAU se fait présenter les membres de celui des activités portuaires.
Il serre la main de M. BECHOUM

«Ce qui se passe en Algérie peut être le début d'une résurrection.»

Général de Gaulle

«Dix millions de Français décidés à rester Français,... vous disent, mon général, que vos paroles ont fait naître dans leur coeur une immense espérence de grandeur et d'unité nationale.»

Général Raoul Salan

PARIS
- 19 mai 1958 -

Conférence de presse du général de Gaulle :

« Ce qui se passe en Algérie peut être le début d'une résurrection. Voilà pourquoi le moment m'a semblé venu où il pourrait m'être possible d'être encore une fois directement utile à la France...

Je souhaite donner du courage et de la vigueur aux Français qui veulent refaire l'unité nationale sur les deux bords de la Méditerrannée...

Comment voulez-vous qu'en Algérie, Français de souche et Musulmans, devant la menace annoncée par M. Lacoste d'un « Dien Bien Phu diplomatique », ne se révoltent pas...?

Je comprends parfaitement l'action du commandement militaire en Algérie...

Si de Gaulle était amené à se voir déléguer des pouvoirs exceptionnels, pour une tâche exceptionnelle, dans un moment exceptionnel, il faudrait adopter une procédure exceptionnelle…

Le cas échéant, je ferai connaître quelle sorte de procédure me paraît efficace… ».

ALGER
- 20 mai 1958 -

Réponse du général Salan aux propos tenus par le général de Gaulle lors de la conférence de presse du 19 mai 1958 :

« Au cours de ces journées, de ce Forum devenu le haut lieu de la résistance à l'abandon, a jailli une intense clameur vers Paris.

Dans un élan unanime de ferveur patriotique vous avez crié votre volonté farouche de construire une Algérie française nouvelle et fraternelle marquée par la vie en commun des diverses communautés.

Hier soir, de Paris, du coeur même de l'Ile-de-France, une voix sereine s'est fait entendre : le général de Gaulle s'est écrié : « C'est peut-être le début d'une espèce de résurection, il faut en prendre acte. Hâtez-vous, les choses et les esprits vont vite. »

Ainsi, hier à Paris, celui qui en d'autres heures cruciales pour la patrie a su montrer la voie du Salut, a affirmé publiquement avec force avec force, sans ambiguïté, qu'il comprenait vos angoises et vos élans.

Avec Alger, Oran, Constantine, avec les habitants des cités et des douars, avec ceux des plaines et des plateaux, avec les montagnards des djebels les plus reculés, les nomades du Sahara, tous se rassemblent pour affirmer leur fierté et leur volonté d'être Français et pour dire certitude de notre victoire.

De toute l'Algérie française jaillit un immense cri de patriotisme et de foi. Dix millions de Français décidés à rester Français, à rester bien Français, indissolublement liés à l'Armée et à la République vous disent, mon Général, que vos paroles ont fait naître dans leur coeur une immense espérence de grandeur et d'unité nationale. »


ALGER

ALGER
- 20 mai 1958 -

1ère motion du C.S.P. :

« Le Comité de Salut public du 13 mai, conscient de l'Union qui existe entre toutes les communautés vivant sur le sol de l'Algérie et du Sahara, affirme à la face du monde que désormais rien ne pourra entamer cette unité et déclare à l'unanimité que tous les citoyens de cette Province sont des Français à part entière. »

«Algérie françaie : ces deux mots sont le cri qui a jailli du coeur de dix millions de Français...»

Jacques Soustelle

ALGER
- 20 mai 1958 -

Déclaration de M. Jacques SOUSTELE :

« Algérie française » : ces deux mots ne sont pas seulement - comme certains propagandistes du défaitisme et de la trahison affectaient de le croire et le répétaient - le slogan d'une minorité : ils sont le cri qui a jailli du cœur de dix millions de Français qui, quels que soient leur origine, leur confession, leur prénom ou leurs vêtements particuliers, veulent être à jamais : des Français!

Un jour, - il y a de cela déjà trois ans - j'ai eu l'occasion à Oran, de déclarer : nous ne voulons plus connaître que des Français, de Dunkerque jusqu'à Tamanrasset. Aussi, c'est avec une joie immense qu'aujourd'hui, aux côtés du général Salan, avec l'Armée française, je vous dis : ce n'est plus une parole en l'air, ce n'est plus seulement un espoir, c'est une réalité. »

ALGER
- 20 mai 1958 -

Propos de Me Ali MALLEM :

« Pour donner au mouvement de rénovation du 13 mai toute sa portée, il faut profiter de l'élan qu'il a soulevé en rayant des siècles de préjugés et de coutumes qui écartent de la vie moderne les populations musulmanes.

II importe de ne pas entrer à reculons dans l'avenir et de rompre un mode de vie calqué sur une législation figée et anachronique.

Car les excès du statut personnel et ses contradictions ne relèvent nullement de la religion, mais simplement de la coutume. Pour que les Musulmans soient des Français à part entière, il faut abolir le statut personnel dont les dispositions concernant notamment le mariage, le divorce et le droit successoral, ne correspondent pas aux réalités de la vie moderne.

Si nos adversaires mettent en doute notre bonne foi et notre volonté de rénovation, nous leur rappellerons simplement que Bourguiba lui-même s'est attaqué au statut personnel et que le roi du Maroc, Mohammed V, a commencé à le faire dans sa propre famille. Des sanctions pénales frappent en Tunisie les individus coupables de polygamie. Nous sommes persuadés que cette réforme sera très généralement accueillie en Algérie avec sympathie.

Le général de Gaulle avait esquissé cette politique dans l'ordonnance du 7 mars 1944, sabotée par les partis et le système. Ce sabotage a ouvert la porte à l'aventure, au voyage au bout de la nuit. Pour nous, de Gaulle introduit une inestimable valeur morale dans le débat. Nous attendons de lui la mise en application immédiate d'une politique à la mesure de son génie et de ses sentiments nationaux. »

«...nous ne voulons plus connaître que des Français, de Dunkerque jusqu'à Tamanrasset»

Jacques Soustelle


ALGER


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